Dans un podcast passionnant de la revue géopolitique Conflits, Hovhannès Guévorkian, Représentant du Haut-Karabagh, revient sur les grandes lignes de la géopolitique du Caucase du Sud d’hier à aujourd’hui.
Il retrace l’histoire de cette région, longtemps disputée entre trois empires : ottoman, perse et russe. Ce contexte impérial a profondément influencé l’histoire de l’Arménie, divisée entre une partie orientale, passée sous domination tsariste dès 1828, et une partie occidentale, intégrée à l’Empire ottoman, où s’est déroulé en 1915 le génocide des arméniens, dans le cadre de la construction de l’identité nationale turque.
L’Arménie actuelle a connu une courte indépendance en 1918 avant d’être soviétisée dès 1920. Malgré ces dominations successives et les déplacements forcés, les Arméniens ont su préserver leur identité culturelle et religieuse grâce à deux piliers fondateurs : le rôle de l’église apostolique arménienne qui a fait de l’Arménie le premier pays chrétien au monde dès 301 et son alphabet créé en 405, symbole d’unité et de résistance.
Dans cette intervention, Hovhannès Guévorkian évoque également la place historique et stratégique de l’Iran, rival de l’Empire ottoman, qui cherche encore aujourd’hui à contrer l’expansion de l’axe turco-azéri. La question du « corridor de Zanguezour », que l’Azerbaïdjan souhaite imposer à travers le sud de l’Arménie, est au cœur des tensions actuelles. Ce projet, n’est pas un simple tracé commercial, mais s’inscrit dans une logique panturquiste, à laquelle s’opposent fermement l’Iran et l’Arménie.
La guerre en Ukraine a rebattu les cartes. La Russie, historiquement garante de la sécurité régionale, s’est rapprochée de l’Iran tout en livrant massivement des armes à l’Azerbaïdjan. Dans ce contexte d’isolement, l’Arménie a entamé un rapprochement avec la France, dans l’espoir de construire un nouveau cadre de sécurité. Mais cette ouverture occidentale est mal perçue par les puissances régionales, qui refusent toute pénétration de l’Occident dans cet axe géostratégique.
L’avenir reste à écrire mais une chose est sûre, la stabilité du Caucase du Sud passe par celle de l’Arménie.
🎧 À écouter absolument : https://www.youtube.com/watch?v=ItlqDa-3sI0
